Droits sociaux : assistanat, mauvais termes pour vrai sujet
Au moment des élections sont souvent stigmatisés comme assistés voire fraudeurs les allocataires par opposition au « vrai travail ». Un allocataire s’est suicidé à la CAF de Mantes La Jolie.
Retour sur les positions de l’UMP et le drame à la CAF.
De mauvais termes pour un vrai sujet
Laurent Wauquiez a déclaré le 8 mai 2011 à Europe 1 que « Cette question de la différence entre le travail et l’assistanat est aujourd’hui l’un des des vrais cancers de la société française parce que ça n’encourage pas les gens à reprendre un travail, parce que ça décourage ceux qui travaillent (…) Et parce qu’au total, ça fait perdre de l’activité et donc de l’emploi à la société française« . Et d’enfoncer le clou quelques jours plus tard : « On a froissé le politiquement correct » mais « j’ai juste dit tout haut ce que beaucoup de Français pensent tout bas » (entretien au Progrès cité par le Nouvel Observateur)
Avec l’expression vrai travail, Sarkozy soutenu par le ministre du travail et de la santé dont les services déconcentrés DIRECCTE comme ARS ont été défaillants pour la prévention des risques psychosociaux qui peuvent conduire à devenir un « salaud d’assisté » (arrêt de travail, maladie professionnelle, inaptitude…) : «Nous on veut mettre en avant la valeur travail et la différence avec l’assistanat», a-t-il insisté. «Plutôt que de tendre la main et de ramener vers l’emploi, on verse une allocation et on ne fait rien d’autre» (cité par Libération).
Le fond du constat est sans doute pertinent (oui il est normal que les revenus secondaires ne se substituent pas aux revenus primaires) mais le choix des mots est désastreux et ne prend pas en considération le vécu des individus. La question est celle de la vraie rémunération.
Ces propos ont provoqué l’indignation des allocataires de bonne foi et des associations. Sans parler d’un certain angélisme à gauche : la fraude existe bien et doit être sanctionnée sans pitié ; les revenus secondaires ne sont pas une fin en soi.
Une réalité tragique
La réalité des allocataires est venue se rappeler dans l’actualité récente avec le suicide d’un allocataire du RSA à la CAF de Mantes la Jolie. Comme l’a rappelé Le Point, les suicides sont une réalité sociale souvent occultée.
C’est la conséquence d’un manque de moyens, du désastre de la fusion ANPE-ASSEDIC, bonne idée gâchée par une mise en oeuvre aberrante.
C’est la conséquence de services publics aux procédures kafkaïennes que les agents subissent (j’ai témoigné de mon expérience avec l’ex ANPE), comme ils subissent la violence de la société par les histoires personnelles des allocataires.
Suite au suicide à la CAF, le service de presse du cabinet de Marisol Touraine, ministre de la Santé a fait un communiqué de presse dans lequel il est écrit, alors que l’allocataire n’était pas encore décédé que « Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, fait part de sa profonde émotion face à cet acte désespéré d’une personne que les difficultés de la vie ont manifestement conduit à un geste tragique. La ministre suivra avec la plus grande attention l’évolution de l’état de santé de la victime« . La victime décédait quelques jours plus tard.
En revanche ni le parti socialiste, ni l’UMP n’ont communiqué sur ce fait de société sur leur site officiel respectif.
La guerre des chefs est sans doute plus importante qu’une vie humaine.
Question par tweet à l’UMP (@UMP) et au PS (@partisocialiste) :
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